EuroVelo : 7 choses à savoir avant de traverser l’Europe à vélo
Paru sur le site Internet « Toute l’Europe.eu » le site de référence sur les questions européennes
Vous rêvez de traverser l’Europe ? Pourquoi ne pas le faire à vélo ? Alors que l’impact du tourisme et de la mobilité sur le climat est de plus en plus net, il est aujourd’hui possible d’explorer le continent grâce à des routes cyclables de longue distance. C’est le réseau « EuroVelo », qui emmènera les plus courageux de l’Espagne à la Norvège… ou de Londres à Moscou.
« L’Eurovelo 7 » suit l’une des plus belles côtes de Suède, entre la mer du Nord et la mer Baltique – Crédits : Lena Evertsson / Familjen Helsingborg Flickr CC BY 2.0
Combien d’itinéraires permettent de traverser l’Europe à vélo ?
De long en large, seize routes cyclables de longue distance sillonnent l’Europe, traversant une quarantaine de pays. Chaque « véloroute » a une identité propre, à l’instar de « l’EuroVelo 3 », par exemple. Celle-ci, surnommée la route des pèlerins, relie les chemins de pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne d’un côté, à Trondheim en Norvège de l’autre, en passant par la France, la Belgique ou encore le Danemark. D’autres routes relient les grandes capitales européennes « l’EuroVelo 2 », qui va de Londres à Moscou en passant par Berlin, ou encore suivent le tracé de l’ancien rideau de fer, qui marquait la séparation entre les pays communistes et le reste de l’Europe avant 1989, comme « l’EuroVelo 13 ». Il s’agit ainsi du seul réseau cyclable transnational au monde.
De nouvelles routes sont régulièrement ajoutées au réseau. En 2019, c’est la « Meuse à vélo » qui a intégré le programme à son tour, avec un petit parcours de « seulement » 1100 kilomètres, qui longent la rivière Meuse en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Une « EuroVelo » intitulée « les eaux d’Europe centrale » devrait également être inaugurée dans les prochains mois. Elle relierait les lacs et rivières d’Autriche et de Hongrie. Enfin, « l’EuroVelo 8 », qui suit la côte méditerranéenne, devrait bientôt connaître une extension majeure, en s’aventurant sur le littoral turc.
Le réseau EuroVelo en 2019. Les véloroutes suivant un axe Est-Ouest ont un numéro pair, et les « véloroutes » Nord-Sud ont un numéro impair – Crédits : ECF
Entre pistes cyclables et routes de campagne
L’immense majorité du réseau est goudronné et sur des terrains plats. De nombreuses sections suivent d’ailleurs des bords de mer, des rivières ou des canaux via d’anciens chemins de halage. Les « véloroutes » recoupent autant que possible les pistes cyclables existantes, notamment dans les grandes agglomérations. Mais elles suivent la plupart du temps des petites routes de campagne.
« Une partie non négligeable du réseau est située sur des routes publiques, mais nous ne voyons pas forcément ça comme un problème« , explique Ed Lancaster, un responsable de la Fédération des cyclistes européens (ECF), organisation à l’initiative de ce réseau. « Il y a souvent un faible trafic, qui roule à une vitesse modérée. Mais notre priorité est de gérer les quelques sections où la circulation est dense ou trop rapide, et où il y a besoin d’infrastructures« , poursuit-il.
La signalisation d’une route « EuroVelo » – Crédits : EuroVelo
La Fédération des cyclistes européens (ECF), qui représente les acteurs européens du vélo, se donne pour ambition de compléter l’ensemble du réseau « EuroVelo » pour 2020. A l’heure actuelle, quelques sections sont encore en développement, et une part importante n’est toujours pas balisée, ce qui rend obligatoire la carte ou le GPS pour trouver son chemin.
Quel sont les objectifs touristiques du programme « EuroVelo » ?
Parcourir l’intégralité d’une route « EuroVelo » peut prendre jusqu’à plusieurs mois. La plupart des cyclotouristes ne pédalent donc que sur certaines sections, le temps d’un weekend ou d’une semaine de vacances par exemple.
Suivre une « EuroVelo » permet de relier des grandes villes, tout en découvrant des sites touristiques plus isolés, dont certains classés à l’Unesco. « Le cyclotourisme est un bon moyen de faire sortir les gens des lieux touristiques surchargés, et de combattre le surtourisme », avance Ed Lancaster.
De plus, le cyclotourisme bénéficierait aux petites et moyennes entreprises : « les organisations travaillant autour du cyclotourisme sont souvent des PME, comme les loueurs de vélos, les hôtels et les restaurants. Ainsi, les revenus sont distribués plus largement qu’avec d’autres formes de tourisme. »
Un outil pour la mobilité quotidienne
Le programme « EuroVelo » est aussi un moyen de favoriser le vélo pour la mobilité de tous les jours. A l’heure où certaines villes peinent à réduire la congestion automobile, les pistes cyclables d’EuroVelo permettent parfois de relier la périphérie au centre-ville, ou deux communes entre elles.
Ed Lancaster explique ainsi qu’à Budapest, les autorités locales avaient d’abord investi dans des pistes cyclables pour attirer les cyclotouristes, avant de se rendre compte qu’elles seraient surtout très utiles à la population locale, par exemple pour rejoindre un lieu de travail ou une université.
Une empreinte carbone limitée
Le cyclotourisme s’inscrit inévitablement dans un schéma global de mobilité douce. Ne nécessitant que la force des mollets, un voyage à vélo le long de la Meuse sur « l’EuroVelo 19 », ou longeant la Méditerranée sur « l’EuroVelo 8 », ne produira pas un seul gramme de CO2 (hormis votre respiration essoufflée dans les montées).
« Il n’est pas toujours facile d’emporter son vélo dans les trains, et particulièrement sur des longues distances« , reconnaît Ed Lancaster. Mais « c’est un point sur lequel l’ECF se bat« . De quoi répondre au « flygskam », la honte de prendre l’avion, popularisée par la Suédoise Greta Thunberg et qui se répand un peu plus à chaque nouveau rapport de la communauté scientifique sur l’aggravation des changements climatiques.
La Fédération des cyclistes européens travaille aujourd’hui en coordination avec les acteurs publics et associatifs de la quarantaine de pays traversés par ces « véloroutes », afin de les aider à signaliser et maintenir le réseau.
Au besoin, la Fédération pousse les autorités nationales à construire de nouvelles pistes cyclables. Pour obtenir l’étiquette « EuroVelo », les routes doivent répondre à certains standards de qualité (impliquer au moins deux pays, faire plus de 1000km avec un dénivelé raisonnable, ou encore disposer d’une signalisation suffisante).
Enfin, l’ECF mène de nombreuses actions de communication. D’abord auprès du grand public, afin de promouvoir le cyclotourisme et le vélo au quotidien, et d’informer sur les parcours des véloroutes. Mais aussi auprès des pouvoirs publics et des entreprises, afin qu’ils puissent s’adapter et bénéficier des éventuelles retombées économiques apportées par le cyclotourisme.
La petite ville médiévale de Vacha en Allemagne, traversée par l’EuroVelo 13, aussi appelée véloroute du rideau de fer – Crédits : EuroVelo
Quel soutien de l’Union européenne ?
La Commission européenne apporte un important soutien financier à « EuroVelo ». L’ECF reçoit des fonds en fonction de chaque projet, le plus souvent via le programme Interreg, qui vise à promouvoir la coopération entre les régions européennes. Les investissements d’Interreg sont eux-mêmes gérés par le Fonds européen de développement régional (FEDER).
Le Parlement européen s’est, lui aussi, illustré par son soutien au programme « EuroVelo ». En 2005, l’eurodéputé écologiste allemand Michael Cramer avait en effet proposé l’idée d’une « véloroute » reprenant le tracé du rideau de fer, sur le modèle de la piste cyclable du mur de Berlin. Celle-ci est devenue quelques années plus tard « l’EuroVelo 13 », la plus longue du réseau avec 10 400 kilomètres.