La fédération française de cyclotourisme a tenu son congrès fédéral à Nevers du 4 au 5 décembre. Martine Cano, présidente de l’organisme salue un regain d’activité après une période de « disette ».
Depuis maintenant une trentaine d’années, la fédération tourne dans les régions pour organiser ses congrès nationaux. Martine Cano à la tête de l’organisation explique : « On essaye de ne pas aller deux ans de suite dans la même région. L’an dernier tout s’est fait en visioconférence. Cette journée a une saveur particulière. Certes on a eu le numérique, mais ce n’est pas la même chose. On est heureux de se revoir. La Nièvre avait posé sa candidature. Comme dans toute manifestation, il faut répondre à certains critères. Il faut suffisamment de place pour accueillir tout le monde, les nourrir, etc. »
Quelle est l’importance de cet événement ?
La conférence est surtout un moment très institutionnel sur les statuts avec des moments d’échange. L’après-midi est l’occasion de participer aux ateliers débats. À travers les ateliers débats chacun peut partager ses expériences qui ont lieu dans telle ou telle région. Ces débats doivent donner des idées pour que les personnes qui retournent dans leur département essayent de nouvelles choses, s’inspirer de ce que font les autres.
Étiez-vous aussi présent en ligne pour votre congrès ?
La présidente du comité nationale olympique s’est adressée à nous par vidéo. Avec le couperet sanitaire on avait prévu un lien pour pouvoir suivre les conférences et certaines activités.
Misez-vous sur le numérique au sein de la fédération ?
Beaucoup de groupements cherchent à développer des applications pour faciliter les inscriptions, les regroupements, trouver des itinéraires, etc. C’est un aspect positif de la crise sanitaire. On a appris à se servir plus rapidement des outils numériques. La visioconférence par exemple, personne ne l’a pratiqué pourtant elle est devenue courante. C’est l’évolution actuelle. Cependant, ils ne doivent pas se substituer à l’humain. Ils doivent apporter un plus. Le tout numérique : non, cela ne doit pas “tuer l’humain”.
Quel rôle joue la fédération auprès des petits clubs ?
Nous sommes vraiment une fédération de club. Chaque action, nous pouvons l’impulser au niveau national. Mais au niveau local tout doit partir de chaque club qui a une grande liberté d’action. On ne peut pas être dans chaque ville à les prendre par la main. On leur donne toutes les pistes, on les aide avec des subventions et des échanges, des documents pour que chacun puisse travailler.
Avez-vous un gros budget pour soutenir ces associations ?
Le budget de la fédération tourne autour des 6 millions et demi d’euros. Une grande partie est redistribuée à chacune des associations. Plus de 90 % de nos recettes proviennent des licences.
Combien coutent-elles ?
Il y en a pour environ une cinquantaine d’euros. C’est variable. La licence elle-même coûte 27 euros, plus l’assurance, et, éventuellement la part des clubs qui varie d’une part à l’autre. Certains imposent une tenue et la font payer d’autre non.
Les licenciés cyclotourisme sont-ils nombreux ?
110.000 adhérents à la fédération. Depuis cinq, six ans, il y a une baisse significative. Elle a démarré en 2015. En 2018 on a stoppé l’hémorragie… En vain avec la Covid. On a beaucoup perdu en 2020. Cette année également toutefois de façon moins importante.
La crise sanitaire a-t-elle poussé beaucoup de gens à découvrir le tourisme à vélo ?
Il y a plusieurs choses à prendre en compte. Des gens se sont éloignés du sport pendant la crise. Une frange de la population se tourne vers les sports de pleine nature. C’est là qu’on a une carte à jouer. Pendant un moment, il ne restait plus grand-chose. Il ne restait que la marche ou le vélo.
Qu’apporte un club de cyclotourisme aux personnes qui veulent découvrir le monde en pédalant ?
Ça peut se faire tout seul. Le club doit apporter un plus comme des conseils pour bien pratiquer. Comment s’asseoir ? Est-ce que le vélo est adapté à la taille ? Comment pédaler sans se fatiguer et en se faisant plaisir ? C’est aussi l’accès à des regroupements qui sont réservés aux adhérents ou accessibles sur conditions particulières. Le vélo est revenu à la mode, à nous d’en profiter. Il y a des gens qui prennent le vélo pour aller au travail. C’est bien, mais il faut sortir de cette routine maison-boulot et voir plus loin.
Le cyclotourisme est-il une façon différente de découvrir le monde ?
C’est comme toutes les activités physiques. C’est un moyen de se maintenir en forme. On se sent bien. On dort mieux. On s’entretient. Le bien-être est important. Il y a aussi le plaisir de la découverte. Vous voyez défiler les paysages. Vous les ressentez. Vous vivez la géographie. Ce n’est pas la même chose que de la voir dans un livre. On vit aussi l’architecture. J’aime citer Jacques Faizant, un dessinateur qui fut un grand cycliste. Il a même été vice-président de la fédération. “Le cycliste ce n’est pas un automobiliste déchu. C’est un piéton miraculé”. Il a dit ça a une époque ou l’auto était reine. C’est une saveur supplémentaire. À l’époque quand on arrivait à vélo à l’hôtel, on n’était pas forcément bien vu. Aujourd’hui au contraire on est courtisé. Le touriste à vélo et aussi bien qu’un autre.
Avez-vous des moyens de juger l’efficacité de vos actions ?
Beaucoup de néocyclistes ont eu des accidents. Pour autant parmi nos adhérents, ils sont plus rares. C’est rassurant. Cela veut dire que tous nos messages de prévention commencent à porter leur fruit. Beaucoup partent en vacances à vélo en famille. Il y a un renouveau dans les foyers. C’est bien. Ce sont ces nouveaux cyclistes qu’il faut sensibiliser. On peut voyager relativement loin sans faire d’exploit.
Fabien Agrain-Védille